Projet éducatif Mennaisien
Un nouveau texte de référence et de nouvelles orientations ont été promulgués en 2019.
Les établissements scolaires s'inspirent de ces deux textes fondamentaux pour écrire leur propre projet éducatif.
Ils contribuent ainsi à poursuivre et actualiser la tradition éducative Mennaisienne

Texte de référence
Le Projet Mennaisien trouve son origine dans les Fondateurs des Frères de l'Instruction Chrétienne de Ploërmel : Gabriel Deshayes (1767-1841) et Jean-Marie de la Mennais (1780-1860).
Aujourd'hui, Laïcs et Frères s'unissent pour actualiser leurs intuitions dans les établissements catholiques d'enseignement et les œuvres d'éduca-tion du Réseau Mennaisien.
L'éducation voulue par Jean-Marie de la Mennais n'est pas seulement une instruction ou une formation professionnelle. Fondée sur l'Évangile, elle a l'ambition de construire la fraternité et cherche à atteindre chacun dans toutes les dimensions de son être.

Orientations
Les nouvelles orientations du Réseau mennaisien correspondent à des besoins et à des préoccupations exprimés lors des temps forts mennaisiens proposés aux équipes éducatives à l’occasion de la première année du Bicentenaire de la fondation des Frères de l’Instruction Chrétienne (Frères de Ploërmel).
Lors des ateliers proposés aux participants, il leur avait été notamment demandé d’exprimer des convictions en lien avec la présentation faite des grands axes de la pédagogie mennaisienne et d’identifier des défis pour les années à venir.
Quatre axes se sont ainsi imposés pour la rédaction des nouvelles orientations :
Cohérence et cohésion, Prendre soin, Singularités et différences, La motivation par l’implication.
Notre histoire
Deux prêtres bretons fondent la congrégation des Frères de l'Instruction Chrétienne par l'union , en 1819, des projets initiés par chacun :
Gabriel DESHAYES, né en 1767 à BEIGNON (Morbihan)
et
Jean-Marie de la MENNAIS, né en 1780 à SAINT-MALO (Ille-et-Vilaine).
A des âges respectifs différents, ils ont connu la Révolution française, ce qui a marqué leur engagement et leur action dans l'Eglise. L'un et l'autre sont proches des gens et réagissent devant les besoins.
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Le besoin de lieux nouveaux d'éducation construisant la personne et la société sur la vision chrétienne de la vie.
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Le besoin d'écoles dans la plupart des communes surtout les petites qui ne peuvent ou ne veulent pas y consacrer de ressources.
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Le besoin de formation des paysans et de ouvriers.
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Le besoin créé par la perte générale de sens religieux, l'insuffisance de prêtres.
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Le besoin d'atténuer le décalage entre le discours de l'Eglise et les avancées de la modernité.
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Le besoin de palier la "démoralisation" de l'enfance et ses effets, ce que l'on appellerait aujourd'hui la délinquance juvénile.

L’école mennaisienne, c’est un fondateur.
Jean-Marie de la Mennais est né en 1780. Il avait donc 9 ans au début de la Révolution française. Elle l’a fortement marqué. Il a assisté aux excès de la Terreur à Saint-Malo, aux exécutions des prêtres. Sa vocation personnelle est née de ces évènements.
Il aurait pu devenir un de ces prêtres brillants, proches du pouvoir, renommés dans l’intelligentsia de l’époque grâce à leur talent d’orateur et d’écrivain. Il en avait les capacités et son milieu social l’y prédisposait.
Mais il a été percuté par le spectacle de cette Bretagne appauvrie, déchirée socialement et politiquement, où les plus faibles, spécialement les enfants, étaient abandonnés, sans trop d’espoir.
Il a très vite compris que travailler à l’unité serait l’œuvre de sa vie : « Rénover la société et bien faire l’homme ». Un moyen s’est imposé à lui : l’école car sans instruction, il n’y a pas de liberté possible. Reprenant les paroles de Leibniz, il répétait : « Tout sort de l’éducation… »
Un autre prêtre breton, Gabriel Deshayes (né en 1767) a fait au même moment une démarche similaire. Ces deux hommes de foi et d’action ont décidé d’unir leur énergie et de consacrer leur vie aux jeunes. Gabriel Deshayes a été appelé à une autre mission en 1821 et Jean-Marie de La Mennais a assuré le développement de ce qu’ils avaient commencé ensemble.
Son objectif : créer des écoles chrétiennes dans le plus grand nombre de petites communes bretonnes, « Là où les autres ne vont pas ». Et il y est parvenu : plus de 400 de son vivant et beaucoup plus ensuite. D’abord exclusivement en Bretagne, puis à partir de 1837 aux Antilles, au Sénégal, à Saint Pierre et Miquelon, en Guyane, à Tahiti, ailleurs en France aussi.
L’histoire continue, différemment que du temps du fondateur mais animée par le même souffle. Depuis une vingtaine d’années, ce sont des laïcs qui ont décidé de se rapprocher des Frères et des Sœurs, de s’investir à fond pour faire vivre cette tradition éducative.
L’école mennaisienne, c’est une vision de l’homme.
Jean-Marie de la Mennais ne nous a pas laissé de traité sur sa conception de l’homme et de l’éducation mais, dans sa correspondance, il est très clair :
« Dans nos écoles, on forme l’homme tout entier, son cœur aussi bien que son esprit. »
L’homme est un tout indissociable.
On peut distinguer différentes dimensions : physique, intellectuelle, affective, psychique, spirituelle mais on ne peut pas les séparer, encore moins les opposer et surtout pas nier l’une ou l’autre.
C’est pourquoi une éducation mennaisienne tient compte de toutes ses dimensions. Il revient à chacun des acteurs de la communauté éducative, dans le cadre spécifique de sa profession, de veiller au bien physique, moral, spirituel, intellectuel, affectif des jeunes qui lui sont confiés.
L’homme est un être libre et responsable.
L’école parce qu’elle est un lieu de savoirs, donc d’apprentissages, est un lieu de vie, donc d’expériences, concourt à donner au jeune les moyens de cette liberté et l’accompagne dans sa capacité à poser des choix responsables.
Quelle est la source de cette vision de l’homme ?
Elle est clairement identifiée dans la pensée de Jean-Marie de la Mennais : c’est l’anthropologie biblique et tout particulièrement les Évangiles.
Prêtre, il est un homme de foi. Il conçoit l’homme comme créé à l’image de Dieu. La dignité de l’homme est donc inaliénable et doit être farouchement défendue.
A l’école du Christ, son regard se tourne en priorité vers les plus faibles, les plus fragiles. Dans un établissement scolaire, au-delà des professions et des catégories, il y a des personnes avec leurs forces et leurs fragilités qui méritent d’être accompagnées.
Cette vision est bien sûr fortement partagée au sein de l’Enseignement catholique, que ce soit au sein des Réseaux diocésains ou dans les autres Réseaux congréganistes. Chacun les exprime avec sa propre sensibilité et les décline selon sa tradition propre. Ce sont moins les différences, en plus ou en moins, qui importent que la complémentarité des différentes palettes qui s’enrichissent mutuellement.
L’école mennaisienne, c’est une tradition éducative.
« L’école mennaisienne a l’ambition de construire la fraternité et cherche à atteindre chacun dans toutes les dimensions de son être » (Texte de référence).
La Fraternité est au cœur de notre tradition, à la fois un but à atteindre et le moyen d’y parvenir.
Si la croissance du jeune, dans toutes ses dimensions, est l’objectif pour lequel nos établissements existent, nous savons qu’il ne sera jamais atteint sans un soin constant apporté aux relations.
Jean-Marie de la Mennais déjà parlait de « tisser des liens », liens entre nous, liens avec les jeunes, liens avec les parents et avec tous les partenaires. Ces liens aujourd’hui nous les qualifions de fraternels.
La Fraternité n’est pas simplement un sentiment. Il ne s’agit pas d’être gentil parce que « c’est bien ». La Fraternité ne concerne pas que le domaine du vivre ensemble. Elle est un choix précis auquel les communautés éducatives sont invitées : Placer la responsabilisation au cœur de tous nos dispositifs scolaires. C’est ainsi que la tradition mennaisienne comprend la Fraternité : se savoir et se vouloir responsable de son frère, c'est-à-dire de tous ceux qui nous sont confiés.
Tous les domaines, cela signifie donc aussi la pédagogie : comment la responsabilisation des élèves, vis-à-vis d’eux-mêmes mais aussi des autres est un plus pour les apprentissages scolaires ?
Notre regard sur les jeunes :
- Nous croyons en eux. Nous leur faisons confiance et nous le leur disons ! Faire confiance aux jeunes, c’est savoir qu’ils ont tous des talents et des capacités. Aux professionnels que nous sommes de trouver les moyens pour que toutes les formes d’intelligences soient honorées. Certaines approches pédagogiques s’y prêtent, d’autres moins.
- Nous espérons en eux. D’abord parce que le monde auquel nous essayons de les préparer c’est le leur et déjà moins le nôtre. Ils ont à inventer leur futur mais nous pouvons les y aider. Nous refusons de les juger définitivement parce que nous sommes persuadés que tout le monde a la capacité d’évoluer (nous aussi d’ailleurs !).
- Nous osons les aimer. Pas si simple de le faire bien en respectant leur liberté. Jean-Marie recommandait à ses Frères de toujours veiller à associer « Douceur et fermeté ».Il allait encore plus loin en leur disant « Il ne suffit pas que vous aimiez vos élèves, encore faut-il qu’ils le sachent ».
Dans l’école mennaisienne, il est impensable de séparer l’instruction de l’éducation comme il est vain de vouloir opposer l’humanisation à l’évangélisation.
Dans cette conception de l’éducation, l’adulte a une place centrale. L’école, parce qu’elle est un lieu de vie, permet la rencontre entre des adultes et des jeunes. Ils ne sont pas que des élèves. Personne ne peut seul assumer cette qualité de présence. C’est pour cela, qu’au sein de la communauté éducative, tous ont un rôle éducatif et il importe qu’il soit reconnu.
Un lieu pour oser la fraternité…
Un lieu pour s’instruire et développer le meilleur de soi-même…
L’école mennaisienne, c’est un projet.
Un projet écrit par les laïcs et les Frères ensemble qui se décline en 8 axes
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Vivre la fraternité
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Développer le meilleur de soi-même
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Découverte de la dimension religieuse et spirituelle
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Instruire
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Accueillir les fragilités
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Proposer l’évangile
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S’instruire
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Construire avec les diversités
Leur contenu n’est pas écrit une fois pour toute. Les membres du Réseau sont invités à apporter leur pierre à la construction. La façon dont chacun aborde ces trois axes, les comprend, s’interroge, a de l’importance. Ils sont l’occasion de débattre ensemble pour approfondir le sens de notre action.
Régulièrement, le Réseau concrétise ce projet à travers des orientations. Elles naissent des interrogations des établissements. Tous sont en chemin. Parfois la réflexion est déjà bien avancée, des expérimentations naissent un peu partout. Les orientations, en proposant un horizon précis, aident à fédérer, orienter et suscitent la créativité.
Nous nous en sommes donné quatre pour la période 2019-2025 :
Cohérence et cohésion : reconnaître que la cohérence et la cohésion ne s’imposent ni ne se décrètent, mais qu’elles se décident par un choix explicite de chacun et de toute la communauté éducative et se construisent méthodiquement.
Prendre soin : nos établissements et structures s’efforcent d’être des lieux de bien-être et d’épanouissement pour les personnes, grâce au soin et à l’attention portés à chacun (e) et à la relation à l’Autre.
Singularités et différences : reconnaître la singularité du jeune et lui permettre de développer tout son potentiel, croire que son caractère unique est sa propre richesse et une richesse pour la communauté dans laquelle il s’inscrit.
La motivation par l’implication : initiation à l’engagement : rendre peu à peu responsable et solidaire l’enfant ou le jeune commence par l’ouvrir à ce désir au service du bien commun et de l’attention au plus fragile. Alors, lui-même saura rendre responsables les autres.
Elles sont un outil au pilotage de nos établissements. Elles aident à préciser clairement les résultats que nous voulons atteindre, de mettre au point des stratégies, de gagner en cohérence et cohésion et d’évaluer les résultats.